Chine

Plus de photos sur: la Chinele Xinjiang, le Tibet!
Et puis les photos des budys.

Vendredi 24 Septembre 2010:
Il est 12h45 à l'aéroport Paris Charles De Gaule, plus que quelques minutes avant que ne commence l'embarquement du vol pour Shanghai et la file s'étire déjà sur toute la longueur de la salle d'attente. Soudain un hurlement de panique attire toutes les attentions. Un homme est à terre au milieu des passagers attendant de monter à bord. Il continue de crier en se débattant alors que quatre policiers le maltraitent afin de le menotter. Une clameur s'élève de la foule indignée. Un appareil photo surgit au dessus des têtes et aussitôt une policière contraint le curieux d'effacer ce qu'il vient d'enregistrer. Aucune explication n'est donnée, les gens se regardent dans l'incompréhension la plus totale. Tout le monde reste immobile regardant les forces de l'ordre à l'œuvre. L'homme à terre a cessé de se défendre, il gémit en grimaçant, les poings menottés et tenu par chacun de ses membres. Le passage est dégagé et les policiers traînent leur prise, tel un cochon pendu, son tee-shirt remonté sur sa poitrine pendant la lutte laissant entrevoir des écorchures et un peu de sang. Le malheureux se remet à pousser des cris mais ce ne sont maintenant plus que des cris d'impuissance et il ne se débat même plus, se laissant emporter dans les coulisses de l'aéroport, loin de l'avion qui décollera sans lui. La file d'attente se reforme car l'embarquement a déjà commencé. L'incident est clos, personne n'en parle. Ce ne sera bientôt plus qu'un souvenir, le dernier de France...



Samedi 25 Septembre 2010:
Passé la moitié du trajet j'essaie de dormir un peu, la journée qui arrive sera longue ; sans succès, ma montre indique 22h et je n'ai pas sommeil. Je me repose tant bien que mal les yeux fermés mais les lumières se rallument bientôt, c'est déjà l'heure du petit déjeuner, pas vraiment appétissant avec des épinards pleins de fils et de branches. On repasse bientôt en dessous des nuages et la campagne chinoise apparaît avec la mer en arrière plan. Les champs et les rizières défilent à toute allure devant les silhouettes d'îles plus loin au large. On atterrit, c'est le moment d'ajouter 6h à la montre qui indiquait 1h du matin et d'entamer cette nouvelle journée. Je récupère mon sac et vais attendre Simon au terminal 2. Là je retrouve Ben, notre hôte que j'avais croisé une fois à Montpellier il y a quelques années. On discute un peu et Simon est là. Le trio au complet on prend le MAGLEV, une prouesse technologique qui nous emporte jusqu'à l'entrée de Shanghai à plus de 400km/h. Curieuse sensation que de passer devant l'activité qui s'agite au dehors à toute vitesse. On pose nos affaires chez Ben qui habite dans un luxueux appartement avec trois américains au 11ème étage d'une des milliers de tours qui s'étirent vers le ciel à perte de vue.


On va ensuite faire un tour en ville, cette fois c'est sûr on est en Chine, c'est chouette de retrouver les rues chinoises avec toute son agitation, les vélos dont certains se traînent sous une montagne de cartons, les taxis, les échafaudages en bambous, et tous ces Chinaws bien évidement, je retrouve Shaghai tel que je l'avais laissé et le coup de main pour manger avec les baguettes est vite repris.


Mardi 28 Septembre 2010:
Je vais faire un tour dans un parc pendant que Simon misère avec ses problèmes administratifs et tombe sur un kiosque où un vieux chinois donne des cours à un saxophoniste et un clarinettiste tandis que d'autres personnes apprécient la musique et se joignent en chantant lorsqu'il reconnaissent un air. Voyant que je m'attarde devant le tableau, le vieux m'invite à prendre place sous le kiosque et me demande si je joue de la musique. Je lui mime que je fais du violon et il me tend alors un instrument ressemblant vaguement à une mandoline. Je leur joue quelques morceaux et le vieux me fais signe d'accompagner le saxophoniste qui est repartit sur un air traditionnel. Je m'exerce laborieusement. Il m'approche un pupitre avec des partitions et me chante la mélodie en suivant du doigt mais il s'agit d'un système de notation que je ne connais pas et je n'arrive pas à le suivre. Il fouille un peu dans ses affaires et en sors une partition sur laquelle une portée accompagne l'autre système de notation. Je joue alors et il m'accompagne au chant, puis à la flûte dont il joue très bien, il est magnifique avec son instrument. Au bout d'un moment, il commence à ranger son matériel, la séance est terminée. Je prends la partition en photo et le remercie grandement avant de les quitter.


Jeudi 30 Septembre 2010:
Simon galère pour faire valider son visa étudiant, il lui faut passer une visite médicale mais il n'a pas pu avoir de rendez-vous avant le 9 Octobre, on décide donc de bouger dans le sud mais lorsqu'on va acheter les billets de train il ne reste plus ni couchettes ni siège, on n'a pas d'autre choix que de prendre des places debout pour un trajet de 2000 bornes qui dure plus de 24h: il va y avoir du sport! Le lendemain on prend le métro chargés comme des mulets pour la gare sud de Shanghai. A l'arrivée on se retrouve au milieu d'une masse de voyageurs qui se croisent dans tous les sens dans une cohue incroyable. On se fraie un chemin en prenant garde de ne pas nous séparer jusqu'à arriver sur le quai où le train nous attend avec sa vingtaine de wagons déjà blindés. Il faut pourtant entrer alors on se tasse dans le sas avec nos gros sacs, ce qui ne plaît pas au contrôleur qui nous fais signe d'avancer plus loin mais c'est juste impossible. Des dizaines de personnes arrivent encore et forcent un passage pour se faufiler jusqu'à l'intérieur du wagon. On est tassés comme des sardines, il fait atrocement chaud et une forte odeur de trop de monde emplie le wagon. Arrive l'heure du départ et il faudra bien 5 minutes au contrôleur pour parvenir à entrer et dégager suffisamment de place pour pouvoir fermer la porte. Le train démarre et là j'hallucine quand un cuisto se pointe avec un chariot chargé de bouffe et la ferme intention de traverser le wagon. Comme on bloque le passage, il recule un peu pour qu'on puisse le croiser en portant nos sacs au dessus des têtes et on se réfugie dans un coin de couloir du wagon suivant qui n'est autre que le réfectoire avec son lot d'odeurs d'arrière cuisine et tout le va-et-vient qui va avec. On alterne entre debout et assis par terre sur les journaux que nous a donné notre pote Emile car le sol est dégueulasse, merci Emile, mais il est impossible de trouver une position confortable. On passe quelques gares, au début il semble qu'il y a plus de monde qui monte qu'il n'y en a qui descendent et le train poursuit son chemin plein à craquer, puis petit à petit, au fil des gares et des arrêts interminables, il commence à se vider.


Plus que 20h, on en rigole, puis 18h, ça ne passe pas très vite. On prend notre mal en patience en tuant le temps avec des jeux de cartes.  Finalement, vers 4h du mat' j'ai assez de place pour m'allonger par terre en position de fœtus, toujours sur les journaux, et je m'endors pour être réveillé une heure plus tard par un chinois qui gueule contre la porte fermée qui permet de changer de voiture. Plus que 12h, le jour se lève et on contemple les paysages de campagne embrumée. A 8h du mat' on nous signale que des couchettes se sont libérées et qu'on peux en avoir pour un petit supplément. On accepte aussitôt et on remonte une douzaine de wagon pour enfin s'allonger et s'endormir rapidement dans un sommeil fiévreux.
Au réveil, des montagnes défilent aux fenêtres entre les tunnels. On fait un point sur le suite du programme et il fait déjà nuit quand on arrive à Kaili. On débarque sur un quai quasi vide hormis 2-3 vendeurs de boissons & fast-foods chinois et on se retrouve sur une place toute pourrie pleine de boue devant la gare, nous voilà dans la Chine profonde ; tous les regards se pointent sur nous, les locaux n'ont apparemment pas l'habitude de voir des étrangers. 


Samedi 2 Octobre 2010:
On embarque dans un bus où 3 corbeilles sont placée dans l'allée pour permettre aux passagers de cracher durant le trajet, ce qu'ils ne manqueront pas de faire à grand coups de glaviots précédés de bruyants reniflements et raclements de gorge. On quitte la ville sur une belle route sillonnant dans les montagnes, le chauffeur roule à bonne allure et nous fais quelques frayeurs lors de dépassements « au klaxon » dans des virages sans aucune visibilité. Néanmoins, on profite des beaux paysages dans la campagne chinoise en traversant ici ou là de tout petits villages.


Une Chinoise chantera à  haute voix pendant la première heure de route jusqu'à ce qu'un gars lui dise qu'il en a assez de l'entendre... On passe devant des scènes insolites comme un homme portant un cochon sur son dos dans une cage en bois, un tournois de combat de buffles dans une mare de boue entourée de centaines de spectateurs juchés sur les flancs des collines environnantes, un homme passant à moto sur un pont suspendu en cordes et en bois ou encore une femme traversant à pied une rivière agitée avec un pauvre bâton pour seule aide. La belle route des premiers kilomètres finit par se transformer en chemin de terre à la tombée de la nuit et le bus poursuit sont interminable chemin en cahotant au rythme des nids de poules. Alors que nous pensions n'en avoir que pour 2h maximum vu que la carte indiquait grosso-modo 100km, c'est 6h plus tard que nous redescendront du bus un peu fourbus et bien remués.


Dimanche 3 Octobre 2010:
On monte au village de Basha où on se retrouve au milieu de dizaines de touristes chinois, normal on est dimanche et c'est les vacances, mais le village est resté bien authentique.


On se promène au milieux des poules, canards, chiens et autres animaux de bassecour et on assiste à la préparation d'une charpente où tout est taillé à la main avec une habileté et un savoir-faire impressionnants.



Lundi 4 Octobre 2010:
On tombe sur un manole qui nous amène au « Pont du Vent et de la Pluie » de Chengyang dans son minibus où la sono passe une même chanson de pop chinoise lova-lova en boucle. Il est rigolo ce Chinois avec sa tête toute ronde, ses petits yeux et son sourire enfantin.


On va ensuite aux rizières du « Dos du Dragon » où on arrive à la tombée de la nuit et on se fait héberger chez une bonne femme qui nous propose une petite chambre en bois brut avec un seul lit et des blattes plus grosses que mon pouce pour compagnie sous son très modeste toit en échange de 180 RMB (18€), c'est super cher mais on est un peu pris au dépourvu. Un petit tour à la « salle de bain » qui n'est en fait qu'un robinet au dessus d'un chiotte à la turque, et un tuyau pour se doucher. Pas de lavabo, on crache le dentifrice dans le trou en prenant soin de bien tout cracher vu la couleur de l'eau. En se couchant, le sommier se révèle être traversé en travers par des planches de bois qui rendent le lit très inconfortable. Heureusement Snoopy et Pikachu vont veiller sur nous!


On dort plus ou moins réveillé à deux reprises par le passage d'une blatte sur le visage puis par les coqs qui commencent leur chant à 3h du mat' et arrive l'heure de se lever pour aller crapahuter et se marrer dans les rizières.



Jeudi 7 Octobre 2010:
On se lève à 5h du mat' pour une bonne heure de trajet tantôt sur de la route, tantôt sur des chemins remplis de nids de poules, ça remue sévère, jusqu'à ce que les paysages se précisent, on se rapproche de la rivière et on finit par arriver par une mini-route serpentant dans le fond de la vallée jusqu'aux bambou boats, qui n'ont de bambou que l'apparence vu qu'ils sont en plastique. On embarque et c'est partit aussi sec pour la promenade au fil de l'eau qui suit le lit de la rivière en se faufilant au milieu des pics karstiques.





Samedi 9 Octobre 2010:
Simon est remonté à Shanghai et je me fais accoster par un vieillard avec une tête pas possible au milieu de laquelle trois vieux chicots s'agitent alors qu'il me demande d'où je viens. Il est enchanté par ma réponse et m'invite à m'assoir à sa table et à lui écrire quelques expressions françaises qu'il traduit ensuite en phonétique chinoise tout en me chantant des chansons. On rigole, il veut que je vienne chez lui à 500 bornes de là, il m'apprendra le chinois tandis que je lui apprendrai le français. Quelques Chinois qui se trouvaient dans les parages se rapprochent intrigués par le tableau pour le moins singulier. Une jeune fille me demande s'il parle bien anglais, n'ayant pas l'air de vouloir le croire. Je demande à mon ami si je peux le prendre en photo et aussitôt il s'apprête, fermant sa chemise et se redressant pour se tenir droit comme un « i », prenant un sourire un peu coincé, lui qui avait cette énorme bouche toute distroyed toute vide de dents mais tellement pleine de sourires, de chanson et de vie. Déçu je prends quand même la photo « carte d'identité » me voyant mal lui demander de me montrer ses ratiches.


Dimanche 10 Octobre 2010:
Je prends le train pour Xi'an, cette fois j'ai pu avoir une place assise mais en entrant dans le wagon je me rend compte que ma place est prise. Je montre mon billet à l'homme un peu âgé qui est à ma place et celui-ci s'excuse aussitôt tout en me libérant la place pour s'installer à côté, apparemment le numéro des places n'a pas vraiment d'importance pourvu que chacun trouve à s’asseoir, je m'installe et le train démarre. Je me retrouve au beau milieu de dix Chinois qui discutent allègrement, heureusement pour moi, la jeune fille assise en face étudie l'anglais et me servira d'interprète tout au long du trajet. Les passagers sont curieux et me posent toutes sortes de questions, jusqu'à la marque de ma voiture en France qu'il faudra que je dessine pour qu'ils comprennent : « Ha! Pia Dzo! » ouais si vous voulez mais en France on dit « Peugeot ». Ils se moquent aussi de « Sakotzi » notre président bien aimé, mais ont de l'admiration pour Napoléon, DeGaulle et Zidane qu'ils écorchent aussi allègrement. En jetant un œil au Lonely Planet, ils sont très surpris de voir que Taiwan n'est pas considéré comme étant Chinois et me disent que la frontière dessinée entre la Chine et l'Inde à l'Est du Népal n'est pas sûre. En ce qui concerne le Tibet, ma traductrice me dit que les Tibétains sont contents des progrès apportés par la Chine et que ce n'est maintenant qu'une histoire de politique avec le Dalaï Lama qui veut récupérer son pouvoir, en tout cas elle n'est absolument pas au courant que les étrangers ne sont pas libres d'y circuler. Ils me demandent si c'est bien vrai que quelqu'un a pris la flamme olympique lors de son passage à Paris pour les jeux de 2008 et sont très surpris lorsque je leur dis que c'est un Chinois chargé de la sécurité qui a pris la flamme des mains de Douillet, vive la manipulation médiatique... Le train poursuit son chemin et le temps ne passe pas vite mais après les 14h passées debout à l'aller, je prends facilement mon mal en patience. La nuit sera quand même difficile car les dossiers des sièges étant très verticaux, il n'y a pas moyen de trouver une position confortable mais vient le lever du jour et on peut alors regarder les paysages sans intérêts qui défilent derrière les vitres.


Mardi 12 Octobre 2010:
Je prends le bus pour l'armée de soldats de terre cuite, c'est pas donné mais ça vaut le coup d'œil. Chaque soldat est unique et est soigné au moindre détail, que ce soit les expressions sur les visages qui sont pas mal réussies ou leurs sandales chacune différentes, ça donne un ensemble assez impressionnant.




Mercredi 13 Octobre 2010:
Je complète ma super panoplie de touriste en achetant une paire de "Ray Ban" dans le quartier musulman.


C'est marrant, autant je me serai cru au Maroc en marchant dans le souk, mêmes si les gens ont les yeux un peu trop bridés et que certains articles sont typiquement chinois, autant la mosquée n'a rien à voir.


Le minaret est une pagode et tous les toits ont les bords relevé dans un style tout ce qu'il y a de plus chinois. Quelques inscriptions en arabe se mélangent ici et là aux calligraphies et la cour intérieure très verdoyante est fort agréable.



Jeudi 14 Octobre 2010:
Je prend le bus pour le mont Hua Chan, une célèbre montagne taoïste, il fait beau et bon, j'ai de la chance quant à la météo. Je rencontre un Français sur la fin de son tour du monde et on fait connaissance tout au long de l'ascension. Le sac pèse et le chemin monte de plus en plus en suivant le fond de la vallée jusqu'à se transformer en une suite d'escaliers sans fin qui monte toujours plus haut, avec parfois des marches tellement étroite qu'il vaudrait mieux s'appeler Charly Chaplin.


Ça casse les jambes mais la beauté des paysages donne du courage. Les points de vue s'enchaînent tous plus beau les uns que les autres.


Les Chinois qui nous voient passer sont amusés et nous encouragent. Certain d'entre eux se font tirer le portrait avec nous comme cette jeune fille qui nous dit « Me, You, Catchacatcha! » en mimant le fait de prendre une photo ; ouais, ouais: catchacatcha ;)


ou comme ce gars bien baraqué qui insiste pour porter mon sac-à-dos le temps de la pause et a qui je lui fait comprendre que maintenant il peut le monter au sommet du pic Est, destination finale à 2100 mètres d'altitude. On rigole bien. Romain se fait sermonner à deux reprises, on ne fûmes pas à l'extérieur, il faut aller dans le restaurant d'altitude où des cendriers sont à disposition. Ils sont fous ces Chinois... après la pause bouffe Romain redescend et je poursuis l'ascension en solo. Je croise des porteurs dont certains sont en claquettes chargés comme des mulets qui s'occupent de ravitailler les hôtels et restaurants d'altitudes. Ils sont vraiment impressionnants avec leurs ballots à chaque extrémité d'une tige de bambou qu'ils portent sur leurs épaules en alternant pour palier à la douleur. 


Arrivé au sommet tant attendu après avoir franchi des passages sacrément raides qui se rapportaient plus à de l'escalade qu'à de la randonnée,


je me retrouve au sommet d'une falaise qui fait bien ses 1000 mètres de dénivelés avec une vue sur les montagnes environnantes à couper le souffle.



Le soleil qui commence à descendre peaufine le tableau en l'agrémentant de couleurs jaunes-orangées.


La nuit tombe rapidement et c'est le moment de planter ma tente sur un bout de terre plate que j'ai trouvé sous les arbres en contrebas. Il est 8h du soir et il ne fait déjà plus que 7 degrés, la nuit va être froide. J'enfile toutes mes épaisseurs et continue de me promener le long de la falaise tandis que la lune joue avec les ombres des arbres.


Lorsque je vais me coucher, le duvet tiens chaud mais au bout d'un moment il ne suffit plus, je met mon pull sous le duvet car je sens le froid et l'humidité par dessous et j'enfile ma polaire. Je serai encore réveillé par le froid un peu plus tard dans la nuit mais heureusement j'ai une couverture de survie qui une fois dépliée m'assure une température acceptable.


Au matin, lever du soleil et ballade sur les hauteurs. Une via-ferrata permet d'atteindre un recoin dans une falaise en marchant sur des bouts de bois péraves fixés à flan au dessus d'un bon kilomètre de vide. Bien qu'il n'y ait pas de difficulté et qu'on n'ait pas le temps de fatiguer vu la courte distance à parcourir, c'est grisant d'avoir autant de vide sous les pieds.


Je croise Carsten, un Allemand de l'auberge de jeunesse accompagné de quatre Chinois et on  redescend tous ensemble pour arriver à Xian après avoir passé une bonne heure dans des bouchons à la chinoise, autrement dit un bordel sans nom, jusqu'à atteindre la gare qui est méconnaissable, transformée en un immense chantier pendant nos 36h d'absences, c'est aussi ça la Chine.



Samedi 16 Octobre 2010:
J'achète un billet de train à la bonne auberge où je suis, ma prochaine étape est Yinchuan aux portes de la Mongolie Intérieure. Il me faut revenir chercher le ticket à partir de 15h à la réception mais lorsque je m'y présente à 16h, on me dit qu'il y a beaucoup de trafic et qu'il faut une heure et demi pour aller à la gare qui est juste à l'autre bout du centre ville. Mon idée de passer par les remparts en vélo fait rigoler le jeune à l'accueil mais il m'explique que ce n'est pas possible car si je loue un vélo à la porte Sud, je dois l'y ramener et ne peux en aucun cas le laisser à la porte Nord à moins de renoncer aux 200 RMB de caution ; le plus sûr est que j'y aille en moto-taxi. Soit, il m'accompagne au carrefour non loin de l'auberge et interpèle le premier motard venu, c'est 25 RMB soit moins de 3€... en voiture Simone! Je prends place à l'arrière avec mon gros sac sur le dos qui me tire en arrière et mon autre sac dans la main droite, il ne me reste plus que la main gauche pour me cramponner au porte-bagage. On démarre et on tombe direct sur un rassemblement étudiant qui ressemble bien à une manifestation, banderoles et slogans en Chinois à l'appuie, c'est le bordel. On coupe par les rues piétonnes du centre-ville, klaxon quasi bloqué et dérapages contrôlés, on ne roule qu'à 30 km/h mais mon pilote doit mettre les deux pieds à terre à plusieurs reprises pour ne pas percuter quelqu'un. Je sais que je peux lui faire confiance, il joue sur son terrain et on slalome entre les piétons, vélos, carrioles et autres scooters dans l'effervescence typique des rues chinoises. C'est marrant de passer en trombe devant les petites boutiques au milieu des passants, on se croirait dans un flim. On débouche sur les boulevards et effectivement c'est bouché de chez bouché, les bus et les voitures sont à l'arrêt et ça klaxonne de tous les côtés mais on continue de se faufiler tant bien que mal. La circulation redevient un peu plus fluide et il m'offre quelques frayeurs dans des dépassements limite nervous breakdown, notamment lorsqu'un camion arrivant en sens inverse double en même temps que nous dans une rue pas si large que ça en nous fonçant dessus mais la situation est sous contrôle. Autant les dépassements par la droite ne me surprennent pas du tout vu qu'ici c'est la norme même en voiture, autant je ne m'attendais pas à ce qu'on se retrouve à gauche des voitures de la voie d'en face. On continue notre course et en vingt minutes je suis devant la gare, nickel, j'achète 3 bananes et une bouteille d'eau et je plonge dans la cohue qui règne sur la place jusqu'à pénétrer dans le bâtiment où je suis la foule sur le quai et trouve ma place dans le train qui démarre bientôt et c'est partit pour un trajet de 15 heures tout confort sur ma couchette dure.


Dimanche 17 Octobre 2010:
J'assiste à la dance matinale des employés d'un hôtel juste avant qu'ils embauchent, ça met de bonne humeur!


Je me pause dans un parc de Yinchuan et un gars m'accoste en me demandant si je joue du violon, je lui répond que oui et il me dit que lui aussi. Enfin « dit » est un bien grand mot car il a un niveau d'anglais presque similaire au mien en Chinois, ce qui ne rend pas la conversation aisée. Heureusement son iphone fait traducteur et nous permet de converser mot par mot, il a 29 ans et étudie le violon mais il n'a pas le temps de passer sa journée avec moi car il a un concert à Xi'an demain. Il est très doué mais il a besoin de ses partitions et il ne jouera que quelques petits passages qui lui passent par la tête dont un superbe air Irlandais après que je lui en ai joué un. Il doit me quitter, je lui demande où est-ce que je peux louer un vélo et il me dit de le suivre mais comme il n'y a personne au magasin il me dit de l'attendre là. Je m'assoie sur le bord du trottoir et lit pour faire passer le temps. Quelques passants essaient de taper la discute et on rigole ensemble. Voilà mon ami de retour, il m'offre un dictionnaire français-chinois et me dit qu'il peut m'avoir un super VTT Giant pour 50 RMB la journée mais il y a 1000 RMB de caution. C'est beaucoup trop et je préfère continuer à pied mais lorsque je lui dit où je veux aller il me dit que j'ai besoin d'une carte meilleure que celle qui est dans mon guide et me dit de l'attendre à nouveau. Je feuillette le dico en attendant et le voilà bientôt de retour avec une carte de la ville toute en Chinois sur laquelle il m'indique où aller prendre l'unique bus quotidien qui démarre à 9h. Je lui offre une de mes compils de musique française pour le remercier de toute sa générosité, on s'échange les mails au cas où, il me fait une petite dédicace sur le dico et je continue mon chemin. En passant devant un atelier devant lequel sont entreposés des vélos je demande s'il est possible d'en acheter un et le gars me répond que c'est 100 RMB, ok j'achète, le man me règle la selle et j'enfourche ma monture avec mon gros sac sur le dos et le petit dans le panier fixé au guidon. Les gens qui se trouvaient là sont très amusés et me regarde m'éloigner en rigolant. Je vais manger dans un boui-boui non loin de là et surprend encore tout le monde par ma présence. Pendant que je mange ma soupe de nouilles un garçon d'une dizaine d'année s'assoit en face de moi et commence à discuter. Il va à l'école anglaise et parle très bien. Dommage qu'il n'est pas été là un peu plus tôt il aurait peut-être pu faire interprète. Je remonte sur mon vélo, il me reste un paquet de biscuit que je n'ai pas mangé dans le train, je choppe une bouteille d'eau avant de quitter la ville et je m'enfonce dans la campagne sur une petite route que je pense être la bonne après avoir comparé toutes les cartes que j'ai en ma possession. L'heure est à la moisson dans les champs mais il ne sont pas équipés comme nous, leurs petites moissonneuses sont rigolotes sur leurs chenillettes.


Les gens qui me voient passer se marrent, ne comprenant visiblement pas ce que je fou là mais ils me sourient et m'encouragent. Je fais plusieurs pauses pour ajuster mon sac qui bien qu'il repose en partie sur le porte bagage pèse lourd sur la selle qui me fait mal au cul. C'est bien drôle de se retrouver là, à pédaler au soleil au milieu des champs en suivant cette petite route qui traverse les villages. J'aperçois au loin ce que je cherche, les vestiges de la grande muraille. Il reste encore du chemin mais arrivant à un péage et ne sachant pas trop ce qu'ils vont m'y dire, je bifurque sur un chemin qui part à gauche. J'avance au hasard et fini par tomber sur le fleuve. Je me dirige donc vers le premier pont qui n'est autre que ce qu'il y avait derrière le péage et trouve un passage me permettant de le prendre bien après les cabanes ; me voilà sur l'autre rive. Je continue toujours au feeling me rapprochant petit à petit de mon objectif. La route commence à monter et ça devient très vite difficile vu qu'il n'y a pas de vitesses sur mon vélo, chaque colline est une nouvelle épreuve mais je touche au but et bientôt me voilà sur un chemin qui longe ce qu'il reste de cette fameuse muraille, de l'autre côté s'étendent les plaines de la Mongolie Intérieure.


Le soleil commence à être bas, je me promène un peu dans le coin et tombe sur une petite prairie à l'herbe verte et grasse juste derrière la muraille, je camperai là ce soir.



Lundi 18 Octobre 2010:
Je retourne à Yinchuan que je traverse pour prendre la direction des montagnes Helan Shan qui s'élèvent à l'horizon. La route est longue et elle est beaucoup moins agréable que celle de la veille car il s'agit d'une importante voie de passage qui passe devant de nombreuses carrières avec leurs lots de semi-remorques traînant des nuages de poussière. Lorsqu'enfin j'arrive à l'embranchement pour la petite route qui mène au pieds des montagnes, je n'ai plus beaucoup de force dans les jambes et les lignes droites interminables en faux-plat montant finissent de m'achever.


En arrivant à 1 km du village historique de Gunzhongkou indiqué dans le Lonely, j'aperçois des yourtes dans l'autre direction et décide d'aller demander si je peux planter ma tente à côté. En chemin, une voiture s'arrête et le chauffeur me dit de le suivre chez lui boire un coup. Il vit dans une modeste maison de quatre petites pièces (un salon/salle-à-manger, une chambre, une cuisine et une pièce avec un robinet d'où aucune goutte ne coule) avec sa femme et ses deux enfants dont un excité avec une crête sur la tête qui n'a que 2 ans.

L'homme n'est autre que le gérant des yourtes qu'il loue aux touristes Chinaws. Il ne parle pas du tout anglais mais on sympathise rapidement grâce au dico offert la veille et je suis invité à manger puis à dormir sur le lit du « salon ».


Mardi 19 Octobre 2010:
Je dors très mal cette nuit là malgré la fatigue due à l'effort de la veille. Je ne digère pas bien le repas et pour m'aider, le coq se met à chanter à 3h du mat', ça doit être normal ici vu que ce n'est pas la première fois. Après avoir mangé un bol de bouillon de nouilles, on embarque tous dans la voiture et il me font visiter le coin avec notamment les pagodes jumelles de Baisikou et des gravures sur roches datant de la pré-histoire, comme il connait tout le monde, je n'ai même pas à payer les droits d'entrée des différents sites.


On rentre ensuite pour le repas de midi alors que le petit déj' me pèse encore sur l'estomac puis je profite de l'après-midi pour aller me promener dans les montagnes derrière la maison. Le coucher de soleil est de toute beauté et en redescendant je traque les centaines de mouflons qui se déplacent en bande en poussant un cri d'alerte lorsque je tombe sur eux au détour d'un chemin et se sauvent à toute allures bondissant de rochers en rochers.


Le soir, j'aide la famille à préparer la soupe de pâtes et on s'attable avec trois amis de leur fils ainé pour un super concert de Shlurps chacun le nez dans son assiette, mais je ne mange pas avec appétit car j'ai le bide retourné.


Mercredi 20 Octobre 2010:
Cette nuit, je me réveille à quatre reprises avec le ventre gonflé pour me dépêcher d'aller me vider de litres de flotte aux toilettes qui sont au fond du jardin et trois fois je commence à me faire dessus dont une où je n'atteins pas les chiottes et pose ma flaque en chemin, vive la tourista, bien que mes hôtes soient adorables, il faut absolument que je me tire de là avant de commencer à chier mes entrailles ; apparemment une trouée dans les montagnes au-dessus de Gunzhongkou permet d'atteindre le monastère de Guangzong Si de l'autre côté des montagnes Helan Shan. Mes hôtes m'y amènent en voiture et me souhaite bon vent après m'avoir donné trois pommes et un litre d'eau qui sort de je ne sais où, voilà l'occasion de tester ma gourde filtrante qui à l'air de le faire pas trop mal. Je leur fais cadeau de mon vélo en échange de tout ce qu'ils ont fait pour moi. J'entame l'ascension et croise deux moines bouddhistes qui me disent que je ne suis pas sur le bon chemin et que je ferrai mieux de passer par la route car il y en a pour 9 heures de marche difficile. Néanmoins le plus jeune m'accompagnera sur le premier kilomètre après que je leur ai dit que je tiens à passer par les montagnes. Je continue seul et lorsque je fais une pause, le jeune moine me rattrape en courant pour me dire de rebrousser chemin car s'est trop dangereux et que je risque de me perdre. Je lui montre que j'ai une tente et une boussole et que ça prendra le temps qu'il faudra et il redescend mais je ne suis pas encore repartit lorsqu'il revient me dire que c'est vraiment trop dangereux et finit par me convaincre en me disant qu'il me conduit en moto gratos en passant par la route. L'idée de faire de la moto avec lui dans les montagnes me séduit et on redescend tout les deux. Lorsqu'on croise le vieux moine, il nous dit qu'il nous accompagne, l'un me prendra derrière lui tandis que l'autre prendra mon sac. Et me voilà sur la route accompagné de l'escorte de choc, moi derrière le vieux sur son scooter et le jeune sur sa moto avec mon sac en travers ; ils sont drôles tous les deux dans leurs habits de moines roulant à toute vitesse sur leur pétrolettes et je constaterai qu'être moine n'empêche pas d'avoir un portable et de fumer comme un pompier. On s'arrête au bout de quelques kilomètres pour fixer un peu mieux mon sac qui commence à pencher dangereusement sur le côté et j'enfile un pull par la même occasion car je me gèle à l'arrière du scooter débridé qui passe les 80 km/h allègrement. Mais un peu plus loin c'est le câble de l'accélérateur qui lâche, peu importe, mon pilote continue en tirant sur le câble à la main après que j'ai enfilé mon manteau car je me les pelais encore sévère jusqu'à ce qu'on arrive à un croisement où ils m'expliquent que je vais continuer en bus. Je leur offre quelques bonbons et leur joue un petit air de violon pour les remercier en attendant que le bus arrive, puis lorsque celui-ci est là, ils disent au chauffeur de me poser à l'intersection pour le monastère de Guangzong Si et insiste pour payer le ticket. Le bus redémarre et contourne les montagnes par le sud puis remonte en traversant une plaine désertique qui semble sans fin. Il s'arrête à un croisement et je me retrouve tout seul avec mon sac à dos au beau milieu de nulle-part. Pas de problème, je met mes écouteurs dans les oreilles et marche en direction des montagnes avec une sensation de liberté infinie, c'est gavé bon!


Mais le soleil tape fort et le sac pèse, au bout de deux heures de marche j'arrive enfin à l'entrée d'un village de Mongols et entre me pauser un peu à l'ombre. Un gars arrive en soufflant me demande ce que je fais là, puis arrive un gars avec un seul œil suivit d'une femme un peu hystérique avec des dents de vampire et un jeune tellement réservé qu'il en paraît limite autiste. On rigole bien mais je me demande où je suis tombé, serait-ce un village de fous? Au bout d'un moment le premier gars qui n'arrêtait pas de souffler s'endort en ronflant et les autres retournent à leurs occupations tandis que le jeune introverti me fait faire le tour du village.

On va voir deux gars qui sont en train de pécher dans un étang puis il me fait visiter leurs élevages de lamas, biches, et autres animaux. On discute un peu avec un gars qui fait sevrer un bébé veau tout poilu par une chèvre et on rentre au village pour un goûter à base de fruits divers.


On joue au basket au coucher du soleil avec la musique à donf', c'est chouette d'être là, au milieu de cette pleine immense avec les montagnes toutes colorées à l'horizon à jouer au ballon avec de la zik, même si ce n'est que de la varièt' internationale de merde: "I'm a big big girl, in a big big world... All the thing she said, all the thing she said, running to my head...". Puis c'est l'heure de manger, on m'apporte une casserole et des baguettes pour un repas super pimenté qui me met le feu à la bouche et au ventre, ça ne va pas aider mes problèmes gastriques... On discute tant bien que mal avec les gens qui sont là, ils sont contents de voir à quoi ressemble un billet français puis me demandent de leur jouer un air de violon. On rentre ensuite à la maisonnette à l'entrée du village où le gars dort toujours en ronflant et ils regardent la télé avant d'aller se coucher. C'est fou la merde qu'ils absorbent, hypnotisés par la boîte à conneries, y a 40 chaînes mais toutes plus nases les unes que les autres, et moi qui me plaint de la télé en France...


Jeudi 21 Octobre 2010:
L'homme qui dormait à côté de moi me réveille, c'est l'heure de partir. Je monte à l'arrière de la camionnette avec mes sacs et on démarre. En arrivant à Bayan Hot, ils me posent au premier binguan et m'accompagnent à la réception. C'est 10 RMB la nuit en dortoir de quatre et il n'y a pas de douche... de toute façon la précédente remonte à plus de cinq jour, je ne suis pas à un prêt. Mais lorsque je sors mon dico car la communication est difficile et qu'ils voient la dédicace sur la seconde de couverture, ils me rendent l'argent et me disent qu'il n'y a pas de frais, sympa. Mes deux acolytes me quittent, je les remercie et vais poser mes affaires à la chambre avant de ressortir faire un tour en ville et acheter mon billet de bus pour le lendemain. C'est bien une ville pérave comme je les aime, les gens me regardent encore avec de grands yeux écarquillés et certains m'interpellent pour me demander d'où je viens et où je vais. Une fois le billet en poche, je demande à un taxi la direction pour aller au temple Yanfu Si et celui-ci insiste pour m'y apporter alors que je lui dit que je n'ai pas de monnaie, « Mei wenti, c'est gratos! », cette ville commence à me plaire. Arrivé au temple, je passe un peu de temps avec deux mongols qui sont en train de faire un bouddha en terre cuite, on ne se comprend pas beaucoup mais ça ne nous empêche pas de rigoler.


Là encore au bout d'un moment un gars vient me dire que c'est 5 RMB la visite mais lorsque je lui tend un gros billet il préfère ne pas me faire payer.


Je vais ensuite au musée d'histoire de la ville et de sa région qui n'a pas grand chose d'intéressant et en sortant je croise tout un lycée qui est en sortie culturelle et dont la plupart des élèves n'a probablement jamais vu un laowai. Je me retrouve aussitôt encerclé par des lycéens et lycéennes très curieux qui me posent tout un tas de question sur moi, mon voyage, la France, le football, ...


Je sympathise avec la prof stagiaire qui les accompagne et qui parlant très bien anglais me servira d'interprète. Les élèves blaguent et l'une d'entre elle essaie de nous caser ensemble. Comme le musée est loin du centre-ville, la prof stagiaire me dit que je peux prendre leur bus pour rentrer et me propose de venir dans leur lycée le soir-même. Au début je prend ça comme une blague mais en fait c'est pauvres chinois ont cours de 7h du mat à 9h du soir 6 jours par semaine. Vu que je n'ai rien de mieux à faire et que ça promet d'être drôle, j'accepte volontiers. Je passe à mon hôtel avec elle et un élève bien sympathique qui a un peu la même moustache/barbichette que moi pour récupérer quelques fringues parce qu'il commence à faire froid et ils m'invitent à manger dans un resto juste à côté, mon ventre va beaucoup mieux après 24h de diète et un bon litron de pepsi, ça fait plaisir de manger avec appétit. Le gars au bout de la table où on mange me reconnaît, il m'a vu la veille marcher au milieu de la plaine avec tout mon barda sur le dos et me félicite de mon courage. Puis on va au lycée où je passerai dans quatre classes différentes de chacune une quarantaine d'élèves. Je retrouve toutes les têtes de l'après-midi et on discute de tout ce qui leur chante, ils me posent encore plein de questions même s'il y en a beaucoup qui reviennent souvent. Pourquoi je suis venu ici alors qu'il n'y a rien à y faire? Où est-ce que je compte aller ensuite? Qu'est-ce que je pense de la Chine et des Chinois? Ils vont même jusqu'à me demander si j'ai vécu des histoires d'amour... il faut savoir qu'en Chine la France est Le symbole du romantisme... Ah ouais, tu veux tester? ;) Il sont très content que je leur montre mes photos d'Aveyron et de mes voyages en Europe et ailleurs, bien que leur préférée soit sans doute celles de feu ma chatte Emile. Je leur fais écouter de la musique française et me voilà invité par une élève rigolote avec qui j'avais déjà plaisanté l'après-midi à danser une mazurka au tableau mais étant un peu trop complexe, je zappe sur une valse et elle s'en sort très bien. Forcément la moitié des élèves sortent leur téléphone qui fait appareil photo/caméra pour fixer la scène. Chaque classe me demande de chanter une chanson et l'une d'entre elles me chantera une reprise en chinaw de « Hélène, je m'appelle Hélène... » en retour. Les filles adorent mes yeux, mes cheveux, mon sac et quelques garçons voudraient me suivre dans mon voyage, mais le temps passe vite, il est déjà 22h et on doit abréger les entrevues. Ils m'offrent pleins de cadeaux avant que je parte et je me fait ramener à l'hôtel par une des profs du lycée.


Vendredi 22 0ctobre 2010:
J'entends ma montre sonner au loin et replonge dans les méandres de mon sommeil pour me réveiller en sursaut à 6h30, il ne me reste plus qu'une demi-heure pour aller à la gare qui heureusement n'est pas bien loin. Je m'installe à l'arrière du bus prêt d'une fenêtre coulissante et me retrouve avec Zaya, une jeune mongole dont le nom signifie « bonne aventure », et deux jeunes papas qui essaieront de nous marier pour avoir des enfants et patati et patata durant tout le trajet. Ils sont bien sympa tous les trois et ils ont de bonnes gueules de bons mongols, on rigole bien pendant que le bus traverse un bout de Mongolie Intérieure sur des lignes droites interminables au beau milieu de plaines sans fin où paissent paisiblement des centaines de chameaux en liberté.


Les paysages qu'offrent ces grands espaces sont magnifiques et les déserts de caillasse du début se transforment en déserts de sable au fur-et-à-mesure que l'on se rapproche du désert de Badain Jaran après avoir longé les "montagnes bleues".


Une fois arrivés à Alashan Youqi je vais faire un tour et comme la ville n'est pas bien grande je me retrouve rapidement à marcher au milieu d'une vaste plaine en direction des premières dunes de sables qui se dessinent à l'horizon et se colorent tandis que le soleil est de plus en plus bas.



Samedi 23 Octobre 2010:
Le temps s'est couvert et il fait super froid, c'est un sacré choc pour moi qui me promenait en claquette et t-shirt la veille sous un soleil radieux et une température clémente. Je retrouve Zaya et son copain pour petit déjeuner puis ils m'amènent à la gare où j'attends le bus pour Zhangye.


Je tue le temps à l'intérieur pendant les quelques heures d'attente, dehors le froid s'infiltre partout et on n'y tient pas longtemps. Je me fais alpaguer par un fou furieux alors que je vais aux toilettes au bout du parking qui ne sont qu'un perchoir au-dessus d'un gros tas de merde que chacun vient embellir de ses besoins. Il m'attrape par le bras et arrêtant un taxi veut m'apporter je ne sais où, je ne comprend strictement rien à ce qu'il baraguine en se bavant dessus. Je me dégage de son emprise et rentre dans la gare où je trouve mon bus et prend place mais voilà que le gars ressurgit et monte pour s'assoir à côté de moi en continuant de me dire plein de trucs incompréhensibles. Les gens qui sont autour le regardent mal à l'aise mais n'interviennent pas. Au bout d'un moment il finit par redescendre du bus et le chauffeur l'enferme dehors où il continue d'errer en titubant dans le froid ; il est vraiment pas net ce gars, il doit avoir un pet au casque parce qu'il n'avait pas l'air plus saoul que ça.


Dimanche 24 Octobre 2010:
Je traverse la campagne recouverte de son manteau blanc pour me rendre à Mati Si. Le site est surprenant, des moines ont creusé des galeries en colimaçon dans la falaise pour accéder à des temples perchés au dessus du vide.

Je fais le tour et continue à patte vers un hôtel indiqué dans le Lonely, mais la route est longue et les sacs pèsent alors j'arrête une moto qui me dépose devant les portes fermées de l'établissement en question. La voisine me dit de remonter un peu dans le village et je trouverai une bonne femme qui loue des chambres au dessus de son épicerie. Nickel, me voilà dans ma chambre sans chauffage où il fait 4°C ; on est à 2500 mètres d'altitude et j'aurai beau me coucher avec un t-shirt thermolactil, un t-shirt à manches courtes, un t-shirt à manches longues, une polaire, un sweat, un pull, mon manteau et deux grosses couettes sur moi, le froid parvient quand même à traverser... je me réchauffe tant bien que mal avec le thermos d'eau chaude que mon hôte ma donné.


Mardi 26 Octobre 2010:
J'aime le réveil dans le train, une musique douce et d'abord lointaine se fait entendre puis devient progressivement plus présente et les lumières s'allument à 8h. Après quelques minutes pour émerger lentement, j'ouvre un œil et regarde par la fenêtre où défile de magnifiques paysages baignant dans les lumières du soleil levant. Je descend de ma couchette et m'installe devant une vitre pour le petit déjeuner.


En arrivant à Urumqi, je me pose au soleil pour attendre Simon mais je me fais rapidement dégager par un policier. Je trouve un nouveau coin pour me caler et observe la foule cosmopolite qui s'agite devant moi. Il y a autant de têtes de turcs que de têtes de chinois, mais ce n'est pas tout car à cela viennent s'ajouter des kazakhs, ouzbekhs, russes, mongols, indiens et puis un paquet d'inclassables... Une Chinoise arrive avec un mégaphone qui débite tout seul un charabia incompréhensible agressant violemment les tympans et voilà qu'elle le pose à côté de moi et qu'elle se casse, super! Je reçoit un texto de Simon qui n'arrivera que dans 3h, je prend donc le chemin de l'auberge de jeunesse. En passant dans un souterrain pour traverser une rue, je tombe sur un chinois qui fait la manche avec sa guitare. M'apercevant il me fait signe et me demande si je joue, je lui dit que oui et il me tend la guitare. Je commence à grattouiller et il se met à chanter en improvisant des paroles en Chinois qui parlent visiblement de notre rencontre. Certains passants ralentissent, amusés par le tableau. On se passe la guitare jouant à tour de rôle, il fait très froid et les doigts s'engourdissent mais mon ami a prévu le coup avec ses mitaines, une bouteille de thé encore chaud et sa fiole de baijo qu'il fait tourner.


Je chante des chansons en français qu'il a l'air d'apprécier et au bout d'un moment il me fais signe de continuer pendant qu'il va aux toilettes, me voilà seul à faire la manche dans un souterrain d'Urumqi... Je finis par le quitter pour aller à l'auberge où Simon me retrouve un peu plus tard. L'équipe est à nouveau au complet, ça fait plaisir! On va boire un coup pour fêter ça et se raconter nos deux semaines respectives puis on appelle un couchsurfer ouïghour qui habite Urumqi depuis toujours qui ne tarde pas à nous rejoindre pour nous amener dans un restaurant qu'il fréquente très régulièrement. On discute et il nous raconte qu'il avait hébergé un allemand et un anglais et que la police s'est pointée chez lui pour demander pourquoi ils n'étaient pas venus s'enregistrer au commissariat. Les deux étrangers n'avaient pas leurs passeports avec eux car ils les avaient laissés à l'ambassade en attente d'un visa pour le Kazakhstan. Ils se sont donc retrouvés au poste pendant 6 heures à se faire interroger sur leurs occupations et les raisons pour lesquelles ils se trouvaient là. Il s'est vu dire qu'il était finit, qu'il allait perdre son travail et aller en prison. Son appartement a été fouillé de fond en comble et ils ont inspecté son ordinateur. Évidement ils n'ont rien trouvé de compromettant alors il a finit par être relâché mais son employeur l'a rapidement appelé pour lui demander ce qu'il trafique, grosse pression qui se traduit par un isolement au travail où on ne lui fait plus confiance. Déjà qu'il n'avait pas le droit d'aller prier à la mosquée ni de porter la barbe ou la moustache en raison du fait qu'il travaille dans une entreprise d'état Chinaw, c'est pas la fête. Plus tard, il a hébergé un étranger en allant l'enregistrer au commissariat, mais il s'est vu rappelé et contraint d'y retourner 5 fois pour relever à nouveau les détails du passeport de son invité.
Il nous raconte que les affrontements entre les ouïghours et les forces de l'ordre chinoises ont étés très violents en juillet dernier et se sont soldés par de nombreux morts et l'emprisonnement de tous les leaders. Il ajoute les larmes aux yeux qu'aujourd'hui même si tout paraît calme en surface, la colère n'est pas apaisée dans les cœurs des ouïghours où couve l'espoir de leur revanche. Il est à 200% pour l'indépendance du Xinjiang, il sait que ça ne sera pas facile mais il veut y croire et espère qu'un jour ce sera le cas... en attendant il prend des cours du soir 3 fois par semaines pour apprendre l'anglais. Il compte passer un examen qui lui délivrera un certificat d'aptitudes en anglais avec lequel il espère pouvoir partir à l'étranger. Pendant ce temps le gouvernement chinois continue d'assurer son emprise sur le Xinjiang en favorisant une implantation massive de Hans qui achève de coloniser cette province instable, et met le paquet pour faire de la propagande sur l'unité nationale.



Vendredi 29 Octobre 2010:
On embarque pour 24h de train jusqu'à Kashgar au travers des montagnes qui offrent de magnifiques paysages jusqu'à passer un col à 2900 mètres d'altitude puis on redescend pour arriver dans la plaine à la tombée de la nuit.



Dimanche 31 Octobre 2010:
On se lève au lever du jour pour aller au marché aux bestiaux, mais on prend le bus dans la mauvaise direction. Qu'à cela ne tienne, on en profite pour faire un tour dans les jolies ruelles traditionnelles de la banlieue éloignée au nord de Kashgar qui se trouve plus à la campagne qu'à la ville et où les enfants sont ravis de se faire prendre en photos pour se voir sur le petit écran.


On se rend ensuite au marché en question où on se retrouve plongé au milieu d'un joyeux merdier de brebis, chèvres, ânes, vaches, chameaux, chevaux et bien sûr de gens qui discutent, marchandent, passent leur dimanche. 


C'est plaisant à voir, on a l'impression d'être dans un autre monde à moins que ce ne soit un autre temps, on s'y promène en s'imprégnant de l'ambiance et des odeurs.



On poursuit notre visite en allant nous promener dans l'enceinte de la vieille vieille ville dont on feinte l'entrée en passant par derrière et on erre au hasard dans ce labyrinthe de ruelles en terre sèche où encore une fois les enfants ne se fonts pas prier pour se faire prendre en photo ; l'un d'eux m'arrache l'appareil des mains pour jouer à l'apprenti-photographe.


On enchaîne avec le marché du dimanche qui se tient juste en face dans le grand bazar de Kashgar, et là on comprend tout le sens du mot bazar. C'est immense et y a vraiment de tout et n'importe quoi.


On retrouve un autre couchsurfeur ouïghour un peu plus tard devant la grande mosquée pour aller manger. Il bosse comme guide touristique dans tout le Xinjiang et on discute de choses et d'autres mais attention, « Big Brother is watching me! », il évitera toute question se rapprochant de près ou de loin à de la politique et est très rassuré après nous avoir demandé si l'un d'entre nous est journaliste car un ami à lui en avait escorté un et il s'est fait tout simplement viré et ne pourra plus jamais être guide...


Lundi 1 Novembre 2010:
On retrouve notre ami de la veille qui nous amène dans le magasin de musique d'un gars qu'il connait bien où on achète des instruments.



Jeudi 4 Novembre 2010:
On se fait une virée entre copain sur la Karakorum Highway qui longe la frontière avec le Tadjikistan et l'Afghanistan pour mener au Pakistan via des cols à 4000 sous des sommets à plus de 7000 et il nous faut emprunter des chemins bricolés pour contourner les morceaux de bitume absents.



Une vieille femme Tadjique est ravie de voir mes photos mais elle refuse d'en faire partie, dommage, elle est magnifique avec son chapeau typique, son châle et ses belles rides. Tanpis, je me rattrape sur un passager Afghan et des gamins...



Vendredi 5 Novembre 2010:
Session photo avec l'ami Mao sur la grand place de Kashgar!




Samedi 6 Novembre 2010:
Balade dans les rues de Kashgar.



Dimanche 7 Novembre 2010:
On retourne au marché aux bestiaux avec la fine équipe.


Fou rire dans la chambre le soir après avoir maté "2012", quel flim pérave, mais qu'est-ce qu'on s'est  marré!



Mardi 9 Novembre 2010:
On se fait des potes devant la grande mosquée.



Mercredi 10 Novembre 2010:
Comme plus ou moins tous les jours, on passe du temps au magasin de musique pour s'initier aux divers instruments.



Jeudi 11 Novembre 2010:
On prend un taxi à la journée avec des gars de l'auberge pour se refaire la Karakorum Highway en en profitant pour s'approcher des yaks et des chameaux.




Si la météo s'est améliorée depuis la dernière fois ce n'est pas le cas de la route.



Vendredi 12 Novembre 2010:
En sortant du souterrain pour traverser Jiefan Lu, une femme complètement voilée me dit quelque chose en ouïgour, bien sûr je ne comprend rien mais je reste bouche bée, n'en revenant pas. Je me rend compte que je me suis habitué à côtoyer toutes ces femmes cachées sous leur voile dont on ne vois même pas les yeux et qui passent telles des fantômes, sans un mot, sans un regard. J'avais été amèrement amusé d'en voir marcher en train de téléphoner, mais c'est difficile de se dire que ce sont des personnes comme n'importe qui étant donné qu'on ne peut même pas voir leurs yeux...


Samedi 13 Novembre 2010:
Un Chinois a motivé Lili pour aller vadrouiller à la frontière du Kyrghystan, elle entraîne Ira qui me motive pour les suivre. On abandonne Simon qui reste à l'hôtel pour se reposer vu qu'il est malade et on prend un bus jusqu'au terminus d'où on continue à pied en longeant une autoroute sur quelques kilomètres avant d'emprunter le lit d'une rivière quasi-asséchée bordée par une falaise abrupte dans laquelle je trouve une faille étroite qui serpente en remontant jusqu'au plateau.


On rattrape une petite route où on arrête une sorte de pick-up qui nous apporte quelques kilomètres plus loin, assis à l'arrière sur des sacs de laine, cheveux au vent le long d'une petite crête qui sépare la vallée en deux et on se fait déposer à côté d'un cimetière.



En bas on suit des enfants jusqu'à leur maison où on est accueilli par de grands sourires.


En repartant, on arrête une camionnette qui nous amène à la dernière ville avant la frontière où on trouve un hôtel pas cher avec chauffage mais il y a une coupure d'électricité et tout le village est plongé dans le noir.


Dimanche 14 Novembre 2010:
Lever du soleil et retour à Kashgar.


Je retourne au marcher au bestiaux où s'est toujours le même bordel.


Le soir Ira me montre ses photos.



Lundi 15 Novembre 2010:
En me promenant au hasard dans la vieille ville, je déniche un coin curieux.


Arrivé sur le pont qui permet de rejoindre le centre-ville en revenant du grand bazar, je me retrouve au milieu d'une immense bergerie: les trottoirs et la chaussée sont bondés de moutons et les gens s'affairent au milieu des bêtes qui ont déjà recouvert le sol de merde. L'atmosphère est à la fête et les gens ne pensent plus qu'au muslim festival qui débute dans deux jours et marque le début de trois jours fériés et plus si affinité.


Mercredi 17 Novembre 2010:
Des clameurs s'élèvent dehors alors qu'il fait encore nuit, mais dans la rue c'est le défilé, tout le monde se rend à la mosquée ; enfin presque tout le monde car les femmes et les enfants restent à l'écart. La place devant la mosquée se remplie au fur-et-à-mesure que les nouveaux arrivant étendent leur tapis et s'agenouillent dessus.


« Allah wak bah! » crachent les haut-parleurs, mais l'immense place est déjà pleine et l'espace libre venant à manquer, certains fidèles sont contraints de s'installer dans les ruelles adjacentes.



Une fois la cérémonie terminé, les retardataires se dépêchent d'acheter un mouton pour le repas de midi et c'est partit pour l'holocauste party: dans toutes la ville les têtes de brebis volent dans la joie et la bonne humeur, chacun se lèche les babines en pensant au repas qui se prépare et les peaux de moutons s'entassent sur les trottoirs.



Vendredi 19 Novembre 2010:
Je me fais une bonne tête de mouton au marché nocturne avant de quitter Kashgar où on squatte depuis déjà trois semaines, c'est un régal, si, si!



Samedi 20 Novembre 2010:
On prend le bus pour Hotan en longeant le désert du Taklamakan par le sud avec une courte escale à Yarkand.

A l'arrivée on prend une chambre pérave à trois avec Colin encerclée d'Afgans et de Pakis sympathiques, tandis que les filles préfèrent payer plus pour avoir un peu plus d'hygiène. En effet, nos chiottes en commun sont exécrables, j'ai jamais vu ça dans un hôtel: l'unique pissotière est bouchée et remplie de pisse et de mégots et sur les trois chiottes qui ont quand même une porte, chose pas systématique en Chine, celui du milieu est bouché et déborde d'une flotte bien marron tandis que les autres sont remplis de merdes. Il y aurait de quoi écrire sur les chiottes en Chine, entre ceux à l'ancienne au fond des jardins ou des arrières-cours qui ne sont qu'un perchoir au dessus d'un tas de merde ou d'une rigole qui ne sera rincée que lorsque le besoin s'en fera sentir à trois kilomètre à la ronde et les « modernes » à la turque qui sont toujours remplis de merde à croire que personne n'a compris l'intérêt de tirer la chasse. Le passage dans les chiottes publique qui s'il est gratuit en Chine est payant au Xinjiang est à chaque fois une nouvelle épreuve tant l'odeur est oppressante dès qu'on y entre voire parfois avant et c'est pas forcément toujours mieux dans les hôtels, en voici la preuve.


Dimanche 21 Novembre 2010:
Le marché du dimanche de Hotan est le plus grand de tout le Xinjiang d'après le Lonely Planet et c'est pas impossible, mais il est très dispersé sur tout le nord-est de la ville et il est donc difficile de s'en rendre compte. Néanmoins, l'agitation est à son comble aux abords du bazar et on flâne dans les ruelles jusqu'à trouver un bon pilaf au poulet près d'un carrousel à l'ancienne où les gamins se régalent de tourner à toute allure tandis que le tenancier pousse comme une mule au centre des chaises suspendues.


On continue notre promenade et on tombe sur deux gars qui font de la musique non loin de là au milieu d'un attroupement de personnes de tout âge. C'est un peu répétitif mais c'est marrant, un gars au dab accompagne son camarade qui chante dans un micro branché sur un mini ampli qui alterne entre un gros saturé, des larsens et des blancs, mais la foule apprécie. 


Après un tour dans le bazar, on s'approche d'une espèce de balançoire qui n'est en fait qu'une grande planche suspendue à un portique par ses extrémités et sur laquelle les gamins s'amusent. 


Une petite fille me fait signe de prendre le tour suivant avec elle mais alors qu'on prend place sur la planche, le jeune tenancier dégage ma partenaire et ma petite session tranquille de balançoire se transforme en rédéo fort en sensation. On se retrouve rapidement en suspension à l'horizontale avec la tête qui dépasse du portique et une brève sensation de chute libre mais surtout une grosse appréhension de passer par dessus bord si jamais la planche venait à se retourner...


On retourne à la gare à l'arrière d'une carriole tirée par une moto sur laquelle chacun s'assoie les jambes pendantes et on prend le bus de nuit pour une traversée du désert masquée par une épaisse brume qui empêche d'y voir loin malgré la pleine lune.


Mardi 23 Novembre 2010:
On prend la route de bon matin après un bon petit déjeuner à la chinoise, bol de nouilles et baozis, pour se rendre à Tuyoq en traversant de belles gorges escarpées après avoir longé les « montagnes de feu ». On se fait inviter dans une maison locale pour un deuxième petit déjeuner version ouïghour avec légumes accompagnés d'une sorte de panure sucrée, pilaf et gâteau frit, et un des gars présent nous dit de le suivre quant on lui dit qu'on est intéressé par la musique.


Il nous amène chez lui où j'attend avec l'amie de Tchun et Colin tandis que Simon et Tchun l'accompagnent dans une ferme pas très loin voir un pote à lui qui appelle ses copains musiciens et on se retrouve tous pour une agréable journée en musique assis en tailleur sur des tapis autour des traditionnels gâteaux frits accompagnés de thé, de bières et de baijo, sacrés musulmans ;).





C'est vraiment super, les gars sont de bons musiciens et chantent très bien. Lorsque je leur joue le bout de muquam que Mohamed nous a appris à la reijak, ils me demandent si je joue du violon et s'empressent d'aller en chercher un quelque part dans le village.


On échange nos airs de musique et quelques chansons, puis Tchun nous dit qu'il est l'heure d'aller faire un tour dans le village et d'aller retrouver les filles à Turfan. En fait, l'un des gars demande de l'argent et comme il ne tient pas a débourser un seul RMB, on esquive après avoir flâné dans les ruelles de ce village touristique.



L'équipe à nouveau au complet, on va dans un restaurant où on se fait un superbe repas chinois dans une petite salle privée et on fini la soirée dans un karaoké pour une session mémorable, il fallait quand même en faire un...



Mercredi 24 Novembre 2010:
Je passe à la poste car je veux expédier mes dvds de photos et mes pellicules, mais ce n'est pas autorisé, putain de contrôle gouvernemental! On va ensuite passer l'après-midi à faire les zouaves dans les vestiges de la grande cité antique de Jiaohe qui s'étendent à perte de vue sur un plateau bordé par deux grandes vallées. 

C'est fou l'étendue du site et le nombre de ruines mais alors quelle surprise de trouver des quantités de merdes de touristes dans la moindre d'entre elles, ah, c'est dégueulasse!


On passe jeter un coup d'oeil à une mosquée de style Afghan avant que le soleil ne se couche.



Jeudi 25 Novembre 2010:
On arrive à Dunhuang, petit tour en ville, vous connaissez l'histoire du chien qui traverse et puis "couic"?




Vendredi 26 Novembre 2010:
On fait un tour dans les dunes à côté des grottes bouddhiques de Mogao.



Dimanche 28 Novembre 2010:
On va se promener dans les immenses dunes de sable au sud de Dunhuang.




Mardi 30 Novembre 2010:
Me voilà seul pour de bon en cette matinée ensoleillée, et je prend le bus pour Dahejia. En chemin, je vois quelques nouvelles choses insolites: des poules vivantes pendues à l'arrière d'une moto, serrées dans un sac en toile synthétique, et des gens qui s'affairent à charger un camion-benne de fagots de pâtes sèches, ben voyons... Il fait maintenant nuit et vu qu'ils ont décidé de me surprendre aujourd'hui, après les films d'horreurs dans le bus, j'aurai droit à des vidéos tournées dans des boites à streap-tease où l'on peut voir des danseuses très suggestives bien qu'elles ne quittent pas leurs sous-vêtements et évidemment la caméra n'hésite pas à faire de nombreux gros plans bien placés. C'est quand même dingue d'avoir des films comme ça alors qu'il y a des enfants de tout âges dans les bus, sans parler des moines et de tous les croyants/pratiquants dont la religion n'est pas vraiment en accord avec ce genre de choses. Je ne sais pas ce qui est pire entre ça et les films ultra violents. Outre les nombreux films d'horreur dont les monstres ne sont que des déguisements merdiques, les films péraves de baston à la Jacki Chan, les films de guerre tout moisis à la Rambo, bon, je critique pas Rambo, c'est mon idole! Ses voyages au Vietnam, en Afghanistan et en Thailande, quelle classe! quelle élégance! Mais je suis quand même tombé sur un flim où l'on peut voir un homme à poil devant un crucifix en train de se flageller salement et un autre dans lequel un gars se fait couper la langue au couteau pour avoir mal parlé à quelqu'un, et là ce sont des films bien faits et ces scènes sont tournées de façon vraiment trash, bien dérangeante. Bref, arrivé à Dehejia l'assistant du chauffeur m'indique l'hôtel où je trouve une chambre sans aucune difficulté, confort sommaire mais suffisant.


Mercredi 1 Décembre 2010:
Un jeune Chinois est ravi de me présenter leur chèvre dont les deux pattes avants sont cassées mais qui n'en est pas gênée du tout car elle a développé un incroyable sens de l'équilibre qui lui permet de se mouvoir sur ses deux pattes arrières sans aucune difficulté.



Jeudi 2 Décembre 2010:
Je vais à Xiahe où je fais immédiatement connaissance avec un jeune moine qui m'accoste à la sortie du bus et me guide jusqu'à un resto où je commande mon premier repas tibétain: du riz au beurre de yak avec des racines cuites et du sucre accompagné d'un thé salé au lait de yak. C'est pas aussi terrible que ce à quoi je m'attendais après tout ce que j'en avais entendu dire mais c'est vrai que le beurre à un goût très prononcé qui devient vite écœurant quand il y en a trop genre dans le fond de la tasse. En tout cas ça nourrit car je n'ai plus faim alors que la portion n'était vraiment pas bien grosse. Lui ne mange pas, il a pris son petit déjeuner au monastère tôt ce matin (il se lève à 5h tout les jours, les moines n'ont pas de jours de repos) et il attendra le repas du soir. De plus, comme la majorité des moines, il est végétarien car du fait qu'ils croient en la réincarnation, ils n'oseraient pas manger leurs prochains. On discute pendant que je mange et il attaque assez vite le sujet du gouvernement chinois qui s'est installé par la force au Tibet et s'y comporte en terrain conquis ne faisant que peu de cas de la civilisation qu'il opprime pour mieux régner, en exploiter les ressources et s'enrichir sur le dos d'un peuple qui n'aspire qu'à ce qu'on le laisse en paix. Il m'explique que si on considère généralement  le Tibet comme étant la province reconnue par le gouvernement chinois, les Tibétains eux le considère beaucoup plus grand englobant la totalité de la province du Qinhai, une partie du Gansu et tout l'ouest du Sichuan. De ce fait, la monastère de Xiahe qui est situé dans la province du Gansu est en dehors du Tibet chinois, ce qui permet aux étrangers d'y circuler en toute liberté, et si la population y est majoritairement chinoise, il en est de même pour toutes les grandes villes tibétaines. On se promène ensuite le long du « korla », un chemin de pèlerinage qui fait le tour du monastère et que parcourt une foule de paysans tibétains en faisant tourner les milliers de moulins à prière dont les couinements se mélangent en un incessant bruit de fond lancinant.


Ceux qui sont très ambitieux quant à leur prochaine vie font le tour en se prosternant face contre sol à chaque pas et certains qui tiennent à faire durer le plaisir vont jusqu'à faire les pas en crabe, ne facilitant pas la circulation lors de la traversée des rues.


On s'assoit un peu en hauteur pour avoir une vue d'ensemble sur le monastère qui se compose de nombreux temples et écoles mais surtout d'une quantité de logements personnels pour le millier de moines qui y étudie.

Un groupe de jeunes Chinois vient se faire prendre en photo avec nous et mon ami, qui déteste le gouvernement comme tout Tibétain qui se respecte, n'a rien contre les Chinois en général mais il n'aime pas leur façon de ne penser la vie qu'en amour et fortune et il est lassé de devoir répondre toujours aux mêmes questions « Mais tu ne peux pas te marier? » et « Est-ce que tu peux gagner beaucoup d'argent? ». Il doit retourner étudier et me donne rendez-vous dans deux heures. Je poursuis ma promenade le long du korla au côté des paysans qui continuent leur défilé jusqu'à arriver à l'entrée du quartier tibétain où un jeune m'accoste en me faisant signe de le suivre pour manger. J'ai quelques doutes mais ma curiosité me pousse à le suivre et il me fait entrer dans une cour intérieure dans laquelle il a une minuscule pièce crasseuse et sombre où il m'invite à prendre place tandis qu'il allume le feu dans le petit poêle placé au centre qui a vite fais d'enfumer son habitation. Il me sert un verre de thé et insiste pour que je mange un bout de viande d'agneau qu'il découpe sur un tas d'os qui reposent dans une gamelle pas attrayante du tout malgré que je lui ai dit que je n'ai pas faim, ayant quelques craintes de chopper une indigestion ou pire encore.


Je finis quand même par accepter et lorsque je mords dans la viande c'est comme si javais mordu la bête encore vivante à pleine dents. Voyant que je n'ai pas l'air très enthousiaste il recouvre le morceau de sel, ce qui masque bien le goût et me permet de finir de manger ce que j'ai dans les mains. Après un deuxième verre de thé j'abrège notre rencontre en le remerciant et vais retrouver mon jeune moine qui a choisit d'entrer dans un monastère il y a 9 ans de ça alors qu'il n'avait encore que 14 ans. Il a préféré quitter l'enseignement chinois qu'il suivait jusqu'alors car il le jugeait mauvais de part le fait qu'il formate les enfants à penser comme des Chinois, occultant complètement l'histoire du Tibet et n'enseignant celle de la Chine que du point de vue souhaité par le gouvernement ce qui me rappelle la phrase de Gaojian deux jours plus tôt: « C'est le gagnant qui écrit l'histoire ». Depuis, il a adhéré à la doctrine bouddhique et il étudie consciencieusement dans le but de devenir bouddha dans une de ses prochaines vies, ce qui arrêtera son cycle de réincarnations et lui permettra d'accéder au nirvana. C'est vraiment particulier de discuter de religion et de la vie en général avec quelqu'un qui croit dur comme fer en la réincarnation, il trouve dommage que je me satisfasse d'une seule vie... Je lui pose des questions sur le bouddhisme et il m'en explique les bases. Il me dit aussi que le prochain Penchan-lama (ou premier lama de toute la hiérarchie) qui a été reconnu par l'actuel à l'âge de 7 ans a été enlevé et caché par le gouvernement chinois qui veut imposer un autre jeune Tibétain qu'il prétend avoir reconnu mais personne n'est dupe et la situation est bloquée depuis des années ; en attendant, personne ne sait ce qui est advenu au kidnappé. Il me raconte le génocide des moines bouddhistes et comment la quasi-totalité des milliers de temples bouddhistes que comptait le Tibet ont été détruits par les étudiants constituants l'armée des gardes rouges lors de la révolution culturelle sous l'époque de Mao. Un ami à lui arrive et prend place à notre table, il était professeur d'anglais dans une école non-gouvernementale du Qinhai mais elles ont toutes été fermées après les protestations de 2008 pour l'indépendance du Tibet et comme il est sur la liste noire à cause de son séjour de 5 ans en Inde et de son précédent poste il n'a aucune chance de retrouver une place dans l'enseignement. Un beau jour l'armée est venue fermer les établissement et dire à tous les étrangers qui y travaillaient en tant que professeur: « You have to go NOW! » et de répondre à toute question: « You have to go NOW! ». En Chine il faut oublier la question « Why? » et la remplacer par la réponse « Yes, yes, yes ». Il m'explique que le monastère a racheté l'auberge dans laquelle nous nous trouvons et se sert des bénéfices pour fonctionner. La moitié des bénéfices provenant des visites guidées lui revient également, l'autre moitié étant reversée au gouvernement. Sa mère qui avait 72 ans lors des évènements de 2008 et a été emprisonnée pendant 2 mois pour avoir participé au mouvement avec ses frères dont un y a passé 7 mois et un autre y est encore, ils n'ont aucune nouvelles de lui. Il a rencontré par deux fois le Dalaï-lama lors de son séjour en Inde et celui-ci lui a dit de retourner en Chine informer la population, maintenant qu'il a pu voir de l'extérieur ce qu'il en est vraiment de la situation du Tibet mais il est dépité par les Chinois qui gobent les bobards du gouvernement qui contrôle tous les médias et expose avec fierté la « libération pacifique du Tibet », dont les habitant sont heureux de la modernisation qui leur a été apportée, et qui présente le Dalaï-lama exilé en Inde comme le chef de l'organisation terroriste qui fait opposition. De multiples demandes pour trouver un consensus ont pourtant été demandées par le Dalaï-lama mais elles ont été cachées à la population chinoise et ont toutes été refusées sans raison (oublier la question « Why? »), alors qu'il ne demande qu'à garder une autonomie culturelle et religieuse, cédant jusqu'à l'indépendance du Tibet et la propriété des immenses ressources minières que le gouvernement s'empresse de piller, comme en témoigne la construction pharaonique de la voie ferrée la plus haute au monde dont la majeure partie se situe au dessus de 4500 mètres d'altitude, reliant Lhassa au reste de la Chine et qui en plus de permettre de développer le tourisme dont il tire de grands profits permet surtout d'acheminer toutes les matières premières. Mon jeune moine apprend l'anglais par lui-même à l'aide de livres et en discutant avec les touristes étrangers qui s'ils ne sont pas nombreux en hiver pullulent en été et se fait aider de temps à autre par son ami car il veut aller étudier en Inde et voyager aux États-Unis, en Angleterre, Suisse, Russie et Australie, mais pour l'heure, il est extrêmement compliqué pour un moine d'obtenir un visa car le gouvernement ne souhaite pas qu'ils aient des liens avec un quelconque étranger.


Vendredi 3 Décembre 2010:
Les moines se rendent au temple de philosophie en laissant toutes leurs bottes devant l'entrée, et c'est partit pour quelques heures de prières au rythme de leurs tambours et cymbales accompagnés de temps en temps par les longues trompes. Je suis un groupe de Chinois pour prendre place à l'intérieur et m'aventure à sortir l'appareil photo mais je me fais vite mettre fermement à la porte et y a pas moyen de discuter.


Je vais tester la tsampa, un mélange de beurre, de fromage très sec émietté et de farine obtenue en faisant griller le blé avant de le réduire en poudre, le tout faisant une pâte que l'on mange en boulettes, c'est pas mal du tout. Le soir je suis invité à manger avec les moines qui tiennent l'auberge dont l'un d'eux est partit de sa ville natale qui n'est pas très loin de Xiahe pour aller rencontrer le Dalaï-lama en Inde en se prosternant à chaque pas. Il lui a fallu pas moins de quatre ans pour parcourir la distance, à raison de cinq kilomètres par jour, poussant sa carriole jusqu'à sa prochaine étape tous les matins puis revenant sur ses pas pour refaire le chemin le ventre à terre.


Samedi 4 Décembre 2010:
Je retourne assister à la prière au temple de philosophie après avoir mangé du riz au beurre de yak mélangé à des raisins et de la viande de yak accompagné de thé au lait de yak. Décidément, je crois que j'aime le Yak, et le plat est encore plus nourrissant, je n'ai déjà plus faim à la moitié de ma petite tasse. Le rituel de la veille se répète et les moines psalmodient leurs prières au son des instruments.


Un groupe de jeunes nomades est intrigué par mon appareil photo et ma tenue vestimentaire et on passe quelques temps à regarder mes dernières prises en se tâtant les habits, ils sont marrants et ont de bonnes têtes.

En me promenant dans la ville tibétaine, je tombe sur trois loustics qui se régalent à me faire des grimaces et à se voir ensuite sur le petit écran de mon appareil.


Un jeune tibétain qui prend l'air sur sa terrasse m'invite à entrer chez lui. Il m'offre du thé au lait avec un bol de beurre de yak dans lequel il ajoute le fromage sec émietté et la farine et me fais signe de mélanger avec les doigts jusqu'à ce que j'obtienne la tsampa que j'ai mangé la veille. De nombreuses photos sur les murs le montre lui et sa famille dans les prairies et les montagnes du Tibet, parfois à cheval, parfois sous leurs tentes, parfois avec une kalachnikov dans les mains! Comme il voit que je suis intéressé par les photos il m'en apporte d'autres qu'il a dans un carton, ha! la belle vie de nomades, c'est chouette! Il essai ensuite de me parler des évènements de 2008 mais on ne se comprend pas et il me montre une vidéo qu'il a sur son portable, sur laquelle on voit les moines se jeter sur un barrage de militaires chinois qu'ils parviennent à percer dans de violents affrontements ; d'autres scènes montrent les militaires chinois tabasser des moines, dur. On sors ensuite faire un tour et il m'invite à revenir le lendemain pour aller promener en moto dans les environs, de la balle!


Dimanche 5 Décembre 2010:
Je me lève de bonne heure, traverse le monastère au lever du soleil et me rend chez Tsebe qui est occupé à faire griller du blé sur le feu et il m'offre une tasse de tsampa en petit déjeuner. On prend ensuite le bus pour un village plus haut dans la vallée où on se rend dans un garage dans lequel il connaît les gens qui nous prêtent une moto et on s'en va tout les deux dans le froid sur une piste qui remonte la plaine dans laquelle des nomades guident leurs troupeaux de yaks pour finir par arriver à une petite maisonnette au bout d'un chemin défoncé partant de la piste.



Une jeune femme nous accueille avec du thé au lait de yak et du tsampa version liquide qu'on mange à l'aide d'une baguette, il m'explique qu'elle fait partie de la famille sans que je parvienne à comprendre qui elle est vraiment jusqu'à ce qu'arrive son grand-frère qui n'est autre que le mari de la bonne femme. Il a une bonne gueule lui aussi sous ses cheveux en broussaille. Sa femme sors un énorme intestin rempli de viande de yak congelée et le met à cuire dans un wok remplit d'eau posé sur le poêle à bois, miam!



Lundi 6 Décembre 2010:
Je me réveille à 5h du mat' et trace à la gare où le bus ne tarde pas à démarrer. Ça caille sévère et les vitres sont super givrées empêchant toute visibilité. On se retrouve à osciller dans des passages bien hard-core qui relèvent plutôt du cross-country car des morceaux de route on été emportés.



Mardi 7 Décembre 2010:
J'embarque dans le train pour Lhasa et on traverse le Qinhai en passant devant ses nombreux lacs qui s'étendent à perte de vue.

Je sympathise avec un moine tibétain rigolo qui me montre discrètement une photo du Dalaï-lama avec Georges Bush qu'il garde précieusement dans la poche intérieure de sa doudoune, il est drôle ce gars.


Mercredi 8 Décembre 2010:
Réveil en douceur avec la musique, je me cale devant la vitre pour un petit déjeuner avec vue sur le décors en mouvement qui est un enchaînement de vastes plaines avec des montagnes en fond. Quantités de yaks paissent paisiblement en liberté et ici où là se dressent quelques maisons, hameaux, villages.


On finit par arriver à Lhassa et je trouve Ten Chuong, mon guide, qui m'attend avec un papier à la main sur lequel est écrit « Welcome to Lhassa Yvan, Etienne Calvignac », ouaw, la méga classe! On monte dans le gros 4x4 conduit par Tsering et ils m'emmènent à l'hôtel où l'autre voyageur est déjà arrivé et où je pose mon sac avant d'aller faire un tour dans les environs. L'hôtel est proche du centre-ville et je me retrouve vite dans les rues marchandes où de nombreux tibétains sont là pour faire des emplettes. En continuant, je me retrouve devant le Jokhang autour duquel une foule de pèlerins marchent collés les uns aux autres le long du Barkhor.



Jeudi 9 Décembre 2010:
Je retrouve Ten Chuong pour aller au Potala.


On monte jusqu'à l'entrée d'où on a une belle vue sur la vallée et on entre dans le bâtiment. Les salles s'enchaînent, c'est un vrai labyrinthe avec ses nombreux étages et ses couloirs qui nous font tourner dans tous les sens, difficile de garder le sens de l'orientation. On enchaîne les bouddhas, les lamas, les gardiens, les mandalas en 3d, les tombes des Dalaï-lamas qui sont de superbes stûpas faits de tonnes d'or et de pierres précieuses. De nombreux pèlerins font le même parcours en distribuant des billets ici et là tout en remettant du beurre dans les lampes à beurre de yak qui embaument tout le palais d'une agréable odeur aigre-douce. La décoration de chaque salle est hyper soignée et bien surchargée, il ne reste pas un espace vide. Un ami de Ten Chuong me fait un cadeaux en me passant une khata (écharpe blanche) autour du coup. L'après-midi on va visiter le Jokhang appelé TutlaKan par les Tibétains.


L'intérieur est superbe, évidemment on ne peut pas prendre de photos... on monte sur la terrasse d'où on domine tous les pèlerins qui parcourent le Barkhor. On assiste aux débats entre moines qui tapent dans leurs mains après chaque argumentation. C'est assez singulier à les voir tout d'abord en binômes puis au fur et à mesure qu'ils se mettent d'accord, certains groupent s'arrêtent pour se joindre à celui d'à côté et à la fin il ne reste plus qu'un groupe opposant une majorité de moines à quelques résistants.


Le gong retentit mettant fin à la joute et tout le monde prend place dans le temple pour la cérémonie quotidienne. C'est un spectacle envoutant que tous ces moines assis en lignes récitant leurs prières apprises par cœur dans un état de quasi-transe. J'achète ensuite du beurre et du fromage de Yak pour accompagner la tsampa que m'a donné Ten Chuong avec une peau de chèvre pour faire le mélange, sensée être plus pratique qu'un bol à trimbaler mais il va falloir que je m'exerce un peu pour chopper le truc. Néanmoins c'est marrant de manger cette mixture dans cette espèce de bourse en cuir, je me sens un peu l'âme d'un nomade! 


Vendredi 10 Décembre 2010:
Je réussi pas trop mal ma tsampa et je retrouve Kuo et Ten Chuong pour aller au monastère de Sera où on se mêle à la cohue qui se dispute la place dans la file d'attente pour aller poser sa tête contre une statue de bouddha puis on entre dans l'imprimerie du monastère où des milliers de tampons sont rangés sur des étagères et dans un coin un moine imprime les pages une à une.


On trace ensuite au monastère de Drepung niché au creux d'une montagne.


Je demande si on peut faire un tour par l'endroit où sont faites les funérailles mais notre guide me répond que s'il y en avait un à Sera, il n'y en a pas ici... il m'explique que le corps des morts est débité par des gens dont c'est le rôle, qui extraient les os avant d'appeler les oiseaux pour qu'ils mangent la viande. Une partie du squelette, genre la tête, quelques dents ou cheveux, sera ensuite placée à l'intérieur du stûpa de la personne décédée qui peut ainsi avoir plusieurs stûpas dans des endroits différents, parfois il n'y a même pas besoin d'os car les vêtements peuvent suffire. Je passe l'après-midi à me promener dans les ruelles en prenant des photos des gens. Certains se prennent au jeu et pausent, ils sont content de se voir sur le petit écran de l'appareil.


Alors que je viens de prendre une photo de la rue enfumée par les herbes brûlées en offrande devant le temple de Ramoché, deux militaires m'accostent me demandant si je parle chinois, « tin pu tong », ils m'explique que je viens de prendre l'armée en photo et que c'est interdit. Effectivement, je n'avais pas prêté attention à la tonnelle de jardin cachée par la fumée sous laquelle se tient une demi-douzaine de militaires armés. En même temps c'est pas évident, ils sont partout ces cons-là, c'est impressionnant le nombre de militaires et de flics Chinois que l'on trouve à chaque coin de rue, sur les toits et en plus de ça s'ajoutent les nombreuses patrouilles mobiles qui circulent dans toute la ville...


J'efface la photo en m'excusant et ils me laissent continuer ma ballade. Alors que j'entre dans l'enceinte du temple, des jeunes me font signe de les suivre et ils entrent dans un bâtiment sur le côté de la cour où ils veulent que je prenne en photo un de leur ami qui se débat et n'a pas l'air du tout d'accord mais je fais le complice et hop, c'est dans la boite. On se trouve dans la salle où ils fabriquent les lampes à beurre de yak, ou plutôt de dri, la femelle du yak car quand on parle de « beurre de yak » aux Tibétains, ça les fait bien marrer car c'est comme si on nous parlait de beurre de taureau! Miam, les bonnes tartines...


Je sympathise avec une femme qui promène sa chèvre.




Samedi 11 Décembre 2010:
Je n'ai encore pas entendu sonner ma montre, il va me falloir investir dans un réveil... La jeune tibétaine de la réception me passe une khata autour du cou en me souhaitant bonne chance et nous voilà sur la route. Je bouquine le livre « Nine lives » de William DALRYMPLE dont un des chapitre intitulé « The Monk's Tale » retranscrit la vie d'un tibétain nomade devenu moine qui, lorsque les Chinois ont débarqué, à protégé la fuite du Dalaï-lama avant de se réfugier en Inde où il s'est engagé dans l'armée après qu'on lui ait promis qu'il participerait ainsi à la libération du Tibet pour finalement se retrouver à tuer des Pakistanais lors de la guerre contre les Anglais. Lorsqu'il est réformé, il se précipite dans différents monastères afin de se repentir et reprend sa vie de moine. C'est vraiment intéressant car l'arrivée des Chinois au Tibet, qui s'est d'abord faite pacifiquement puis qui s'est précisée petit à petit comme étant une invasion, est relatée depuis le point de vue tibétain et décrit la rébellion obsolète qui s'est organisée. Au début, les Chinois promettaient de moderniser le Tibet, puis petit à petit ils sont arrivés de plus en plus nombreux et ont commencé à instaurer des lois et à exiger la soumission du peuple tibétain et l'abandon de leurs pratiques religieuses. Le moine en question a préféré prendre le maquis plutôt que de céder les armes comme les Chinois l'avaient demandé, mais sa mère s'est faite torturée jusqu'à ce qu'il se rende et elle est morte des supplices subits quelques temps plus tard. Pendant que je bouquine, on remonte une large vallée avant de la quitter pour attaquer une sévère montée qui serpente à flan de montagne jusqu'au col de Kampa à 5000 mètres d'altitude d'où l'on a une superbe vue sur le lac Yamdrok.


On continue en longeant le lac et on fait la pause déjeuner dans un resto sacrément cher puis on repart et on passe le col de Karo à 5200 mètres sous un énorme glacier.


Plus bas on atteint Gyantse où je me promène pendant une bonne heure dans la vieille ville qui est bien préservée et où les vaches sont attachées devant chaque maison.


On reprend la route pour arriver à Shigatse un peu avant la tombée de la nuit.


Je fais un petit tour à patte et rentre fatigué à l'hôtel, l'altitude y est peut-être pour quelque chose, on est à 4000 mètres. Il manque un carreau à la fenêtre de la chambre et j'ai beaucoup de mal à me réchauffer une fois au lit.


Dimanche 12 Décembre 2010:
Ten Chuong frappe à la porte alors qu'on est encore au lit... on se prépare en vitesse et on va visiter le monastère.


On prend ensuite la route jusqu'à Sakya où on visite un autre monastère d'influence mongole qui a plus des allures de forteresse avant de repartir jusqu'à Shegar (New Tingri) où on se loge dans un hôtel dont les chambres sont glaciales mais la salle commune qui fait aussi bar et restaurant est agréable. Des jeunes Tibétains qui boivent des coups à côté de nous me tapent la discute et me payent à boire. C'est l'occasion de tester la Lhasa beer tandis qu'eux boivent de la Budweiser... on enchaîne les cul-secs dans de petits verres, ils sont drôles. L'un d'eux est prof d'anglais, ce qui facilite la communication car son ami qui baragouine deux-trois mots ressort « Hello! » dès qu'il ne sait plus quoi dire. Santé se dit « Chapta! » en tibétain. J'apprend que dans les années cinquante les Chinois sont arrivés en voulant moderniser le Tibet et le faire évoluer vers un grand pays communiste comme la Chine et le libérer de son état archaïque dans lequel la population très pauvre était quelque peu exploitée par le gouvernement. Mais les Chinois de plus en plus présents ont commencé à se comporter en pays conquis jusqu'à prendre le pays sous son drapeau. De nos jours, le Tibétain est de moins en moins pratiqué et des Tibétains commencent à parler entre eux en Chinois, annonçant le déclin de l'usage de cette langue ancestrale et précédent si ce n'est son oubli, son passage à une langue morte telle le latin, l'occitan ou le sanscrit qui est en quelque sorte l'ancêtre de la langue indienne et qui a servit de modèle à un moine Tibétain pour créer l'alphabet tibétain qui a permit de mettre à l'écrit cette langue qui n'était jusqu'alors qu'orale. Malgré mon pyjama en polaire, le manteau, le duvet et trois couettes, il me faut une bonne heure pour me réchauffer dans la chambre glaciale.


Lundi 13 Décembre 2010:
On prend la route jusqu'à Tingri où on monte au sommet d'une colline d'où l'on a une belle vue sur l'Himalaya et l'Everest. Des femmes montent du village pour faire des offrandes de beurre et de tsampa que les chiens se dépêchent de manger avant que les corbeaux ne finissent les restes.


Un groupe de femmes nous fait tester leur breuvage de je ne sais quoi de fermenté accompagné de tsampa qu'elle se frottent l'une l'autre sur l'épaule gauche, paraît-il que sa protège et maintient en bonne santé.



On fait une pause au dernier col balayé par un fort vent glacial à quelques 5200 mètres d'altitude d'où l'on contemple une dernière fois l'Himalaya depuis le Tibet et on attaque une formidable descente creusée dans le flan d'une énorme gorge très abrupte, telle une faille dans cette immense chaîne de montagnes, qui se terminera deux heures plus tard et surtout 3000 mètres plus bas.



La route est régulièrement emportée par la flotte qui descend de la montagne comme en témoigne les nombreux passages en travaux, et encore on est en hiver, ce doit être fou en été lors de la fonte des neiges. Ça fait vraiment bizarre de descendre de ce plateau haut perché et je ressens une grande joie à la vue des premiers arbres, je me rend compte que depuis mon arrivée au Tibet, je n'ai plus vu de végétation si ce n'est le peu d'herbe sèche qui pousse difficilement entre les cailloux. Malheureusement, on retrouve aussi les nuages et les bouchons dans le village de Zangmu, juste avant la frontière, dont l'unique route étroite qui le traverse se retrouve vite encombrée par le flot de camions népalais tous plus bariolés les uns que les autres affichant des messages tels que « slow drive, long life », « road king » ou même « punks dead » et ont tous marqué « please horn » à l'arrière du véhicule.


C'est marrant ici, tout le monde échange de l'argent, que ce soit les épiceries, les restaurants ou les gens dans la rue, chacun à son propre taux qu'il y a moyen de débattre, pas besoin de banque, on est bien dans un village frontalier avec tout ce qui va avec. On change l'argent qu'il nous reste, nous voilà fin prêt pour le Népal.

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